Zéro de conduite
C’est la rentrée dans un collège pour garçons : les jeunes gens dissipés sont encadrés par des adultes rigides, à l’exception d’Huguet, le surveillant rêveur. Mais la révolte s’organise…
Dans la courte filmographie de Jean Vigo, Zéro de conduite, qui dure quarante minutes, vient entre deux courts-métrages documentaires (À propos de Nice et Taris ou la natation) et L’Atalante, le seul long-métrage de fiction que sa santé lui permit de réaliser avant de mourir, à vingt-neuf ans. L’aspect « intermédiaire » du film (entre courts et long-métrage, documentaire et fiction) ne reflète pas son caractère très entier : il s’agit rien de moins que d’un brûlot anarchiste. Son côté à première vue brouillon ne résulte nullement d’une désinvolture ni de mauvaises conditions de tournage (« Personne et rien n’est venu contrarier notre travail », affirma Vigo), mais du choix de privilégier la rébellion et l’irrévérence, au risque assumé de passer pour grossier et inachevé. François Truffaut écrivit : « Je me demande même s’il serait exagéré de parler à propos de Vigo d’un cinéma olfactif. Cette idée m’est venue après qu’un journaliste m’eut dit, un jour, en guise d’argument décisif pour démolir un film que je défendais : « Et puis c’est un film qui sent les pieds. » Je n’ai rien répondu sur le moment mais j’ai repensé à cela en me disant : voilà un argument qu’auraient pu employer les censeurs de Zéro de conduite. »
En effet la censure, si elle fut insensible à la liberté formelle du film (insertion d’un moment en dessin animé, scène au ralenti de la procession nocturne des enfants, personnages adultes caractérisés de façon foncièrement anti-naturaliste), ne fut en revanche pas aveugle à ses audaces libertaires, ainsi qu’aux parallèles entre les collégiens opprimés par une caste auto-proclamée et la société organisée. Suspect d’attenter à l’ordre public, Zéro de conduite fut frappé d’interdiction pendant douze ans. Jean-François Buiré
Jean Vigo et Maurice Jaubert, compositeur
« Livre d’une grande finesse et d’une grande liberté, Le Beau Temps est d’une grande clarté aussi : il est baigné par la lumière de Nice que partagent, en des temps différents, Maryline Desbiolles, l’auteure, et Maurice Jaubert, le sujet du livre. Qui est Maurice Jaubert ? Un musicien, un compositeur, qui fait de la musique au moment où le cinéma est d’avant-garde. Il a écrit pour Jean Vigo, Jean Renoir, Marcel Carné… Sa vie est courte : il naît en 1900 et meurt en 1940. Une trajectoire pleine de grâce et d’élan, que Maryline Desbiolles raconte avec amour. Ce livre est une histoire d’amour, écrit-elle. Comment appeler autrement ce rayonnement, cette disposition en rayons qui tous, chacun d’entre eux, semblent toucher ce que je connais du monde. » Eléonore Sulse