Jean Vigo

Le saviez-vous ?

Jean Vigo, l’étoile filante
L’œuvre de Jean Vigo se réduit à quatre films, moins de deux cents minutes : c’est la durée de l’œuvre de cinéma intégrale de Jean Vigo, mort à 29 ans de septicémie le 5 octobre 1934, alors même que son dernier film « L’Atalante », sorti en septembre, a déjà été retiré de l’affiche.

Le Rimbaud du cinéma
Il y a un véritable mythe Vigo, qui tient avant tout aux circonstances très difficiles de sa vie : une enfance bouleversée par la mort dramatique de son père, il sera abandonné par sa mère suite à ce décès, et se voit baladé de lycée en lycée, où il est constamment rejeté par ses camarades. Attaqué par la maladie, qui finira par l’emporter à vingt-neuf ans, et les luttes incessantes contre la pauvreté, seront autant d’obstacles qui se dressant contre lui et son œuvre. Bref, un auteur maudit.

L’assassinat de Jean Jaurès
Eugène-Bonaventure de Vigo, père de Jean Vigo, est un journaliste libertaire connu. Il est l’un des cofondateurs de l’hebdomadaire La Guerre sociale, en 1906, et signe ses articles Miguel Almereyda. Il emmène volontiers l’enfant dans ses réunions politiques – tous deux seront ainsi témoins de l’assassinat du grand tribun Jean Jaurès au café du Croissant.

Boris Kaufman, chef opérateur
Admirateur d'Eisenstein et du cinéma russe — Boris Kaufman, frère du cinéaste d'avant-garde soviétique Dziga Vertov, sera le chef opérateur de Jean Vigo. Son influence est perceptible dans le court métrage qui marque l’accession de Vigo à la réalisation : « À Propos de Nice ». Kaufman fera ensuite carrière aux États-Unis et recevra un Oscar pour « Sur les quais ». Il travaillera essentiellement comme chef opérateur pour Elia Kazan et Sidney Lumet.

Le sort s’acharne
Le tournage de « Zéro de conduite », perturbé par la maladie de Vigo, ainsi que par de très mauvaises conditions atmosphériques, ne se fait pas sans difficultés. Mais le sort s’acharne contre le film : projeté en avril, au cours d’une séance privée réservée aux exploitants, qui l’accueillent avec hostilité, il est ensuite condamné par la commission de censure, qui lui refuse le visa d’exploitation. Il ne sera pas visible, en dehors du circuit des ciné-clubs, avant la libération en 1945.

Maurice Jaubert, compositeur
Disparu très tôt lui aussi, le Maurice Jaubert, composera pour le cinéma de 1930 à 1939. Tout en poursuivant son œuvre destinée à la salle de concert et à la scène, il composera la musique de nombreux films pour quelques-uns des plus grands réalisateurs français d’alors : René Clair, Marcel Carné, Julien Duvivier, François Truffaut… et Jean Vigo pour « L’Atalante » en 1934.

Le Chaland qui passe
Novateurs et engagés, les films de Jean Vigo à leur sortie sont décrits par certains comme antipatriotiques et sont censurés par le gouvernement français. Du coup, « L'Atalante » est remonté par ses producteurs qui ont l’idée d’intégrer à l’œuvre une rengaine à succès, en rebaptisant le titre « Le Chaland qui passe ».

François Truffaut, l’un des premiers spectateurs
Truffaut découvre les films de Vigo juste après la guerre, grâce à Henri Langlois. Il deviendra l’un des premiers spectateurs du cinéaste et avouera lui devoir beaucoup, pour « Les Quatre cents coups ». Il voit en Vigo le « premier cinéaste de vocation », le premier cinéphile aussi, qui fonde dès 1930 un ciné-club à Nice. C'est d'ailleurs dans les ciné-clubs que ses films interdits en salles circulent tout de même.

Une reconnaissance à titre posthume
Contemporain de Jean Renoir et Luis Buñuel, qu’il a considérablement influencés, Jean Vigo aura donc accédé à la reconnaissance à titre posthume. Grâce à la Nouvelle Vague, dont il aura été le précurseur de la liberté formelle déjà. Puis à travers les divers hommages qui lui sont rendus par le monde du cinéma, dont « Les Carabiniers » de Jean-Luc Godard (1963) qui lui est ainsi dédié. « L’Atalante », son unique long-métrage est considéré, aujourd’hui encore, comme l’un des plus grands films de l’Histoire du Cinéma.