Réseaux sociaux, démocratie et création

Rencontres du Pôle Auvergne-Rhône-Alpes d’éducation aux images

Les mutations des usages sociaux et culturels conséquents de la digitalisation inspirent les problématiques des rencontres organisées par le Pôle Auvergne-Rhône-Alpes d’éducation aux images depuis 10 ans. Prêtant une attention particulière aux technologies et aux mutations qu’elles engendrent tant dans les esthétiques que dans nos rapports aux images, ces rencontres renforcent les passerelles entre la création et la transmission et interrogent les usages sociaux et médiatiques modifiés par les outils numériques.[su_expand height="0"]Ponctuée d’élections, l’année 2022 nous invite à interroger la numérisation du débat public et les transformations que subies la démocratie avec internet.

Si internet a été initié comme une architecture ouverte et les réseaux sociaux conçus comme espaces d’expression et de contribution, vecteur de mobilisation de la démocratie, la communication en ligne est désormais affectée de dérives, de la brutalisation des échanges aux manipulations de l’information. Fondées sur un modèle capitaliste, les entreprises géantes du Net ont accumulé des données commercialisables, les plateformes transforment nos usages, captent l’attention et visent à faire réagir dans l’immédiateté.

Afin de préserver la possibilité d’un véritable espace public numérique, la régulation du débat sur le web est devenue un impératif pour les démocraties européennes. Cette régulation implique également une conscience partagée des enjeux et dérives d’internet, mais aussi de ses potentialités de mobilisation des publics et de renouvellement de la création. Des artistes questionnent ou habitent ces nouveaux espaces tel le cinéaste Laurent Cantet dont le nouveau film Arthur Rambo, met en scène un écrivain engagé, qui poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux… ou la metteuse en scène Marion Siéfert qui, avec jeanne_dark crée un double-spectacle : pour le théâtre et pour Instagram.

Essentielle, l’éducation aux médias et à l’information est un espace de citoyenneté à la fois créatif et critique qui permet d’apaiser le débat, d’accompagner les regards et donner sens aux valeurs humanistes.

Cette journée est destinée aux professionnels de la culture, de la pédagogie (enseignants, chefs d’établissements, CPE, Inspecteurs, conseillers pédagogiques, documentalistes…), du champ social ou socio-culturel (animateurs, éducateurs, volontaires en service civiques), élus et techniciens des collectivités. Outre une ouverture théorique et la présentation d’œuvres, la journée propose des restitutions d’expériences d’éducation aux images, ouvrant la réflexion et le partage des pratiques.

Catherine Rossi-Batôt, directrice[/su_expand]

Introduction par :
- des représentants de la Drôme et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
- Marie-Françoise Pascal, adjointe en charge de la culture à Valence, et conseillère déléguée aux partenariats entre les équipements culturels, Valence Romans Agglo
- Marlène Mourier, vice-présidente en charge de la culture, Valence Romans Agglo, et conseillère régionale
- Anne-Noëlle Bouin, conseillère action culturelle et territoriale
- Nicolas Orsini, chef de projet transformation et innovation numérique DRAC Auvergne-Rhône-Alpes

« Le pouvoir des données personnelles »

Son travail de recherche se situe principalement dans une approche critique de l’évolution de l’internet, la protection des données personnelles et les enjeux socio-politiques qui en découlent, le droit à l’oubli numérique, les stratégies des acteurs (GAFAM), la gestion de la e-réputation, l’éducation au numérique, les fake news, l’intelligence artificielle.

Depuis leur apparition il y a une quinzaine d’années, les réseaux sociaux numériques ne cessent d’évoluer et d’affecter la société à différents niveaux. Perçus à l’origine comme des outils facilitant le débat et la prise de parole, aujourd’hui, la définition de la relation entre les réseaux sociaux numériques et la démocratie n’est pas unique et unilatérale, mais plutôt plurielle et ambivalente. Au niveau politique, ces dispositifs favorisent l’expression citoyenne mais deviennent parfois des outils de manipulation des opinions. De plus, les citoyens ont l’impression d’avoir un accès illimité à l’information mais ne se rendent pas réellement compte qu’ils s’enferment dans des cercles qui leur ressemblent et ne font que renforcer leurs idées initiales.

L’information est au cœur de ces dispositifs car elle est facilement accessible et surtout rapide à obtenir. Elle circule par d’autres canaux que dans les médias traditionnels et ne bénéficie pas toujours de l’œil avisé des gate-keepers que sont les journalistes. Le développement des fake news est ainsi favorisé par ce manque de contrôle en amont de ce qui est diffusé.

Les algorithmes nourrissent des bases de données hyperpuissantes et marchandisables. Nos traces et nos données personnelles représentent le carburant de ces systèmes dont sont friands les acteurs du numérique. Ce dernier point pose la question essentielle de l’éducation au numérique qui devrait avoir lieu chez les plus jeunes pour former des citoyens conscients des conséquences de leurs actions sur les réseaux sociaux numériques. Cette éducation aux outils est indispensable pour que chacun puisse les utiliser en connaissance de cause, ce qui tendrait à favoriser un équilibre entre les réseaux sociaux numériques et la démocratie.


« L’école face aux réseaux sociaux »

Par Alexandre Winkler, délégué académique à l’action culturelle, inspecteur du cinéma et du théâtre

À mesure que l’éducation aux médias et à l’information (EMI) intègre le périmètre de l’éducation artistique et culturelle (EAC), nombreux sont les acteurs locaux à s’emparer des enjeux qu’ils y perçoivent. Cette prise de conscience, générale et croissante, trouve dans les territoires des traductions variées. Aussi est-il temps de proposer un bref état des lieux, et de formuler, à partir de là, quelques questions essentielles.


« Pour une responsabilisation créative et citoyenne »

Restitutions d’ateliers, de résidences, d'actions d’éducation aux médias

« Potentialités créatives et régulation »

Cette table ronde réunit des expériences qui questionnent l’approche territoriale, les écritures
et les formats, ainsi que les modalités de participation/mobilisation des publics, tout en interrogeant
les besoins de régulation.

Modération : Sébastien Dechamps-Grisel, Chargé de mission jeunesse au service Education Jeunesse du Conseil Départemental de la Drôme. Il coordonne notamment les missions de pilotage du portail Information jeunes Ardèche Drôme, ainsi que l'action Détox l'infox et les Promeneurs du Net.

Parcours civique et professionnel en montagne, résidences journalistiques en Haute-Savoie et Vallée d’Aoste
Présenté par Christophe Baude
Responsable de l’unité Education artistique et culturelle à la Direction Culture & Patrimoine du Département de la Haute-Savoie, il viendra présenter la mise en œuvre, dans le cadre d’un projet européen (programme ALCOTRA, FEDER), des résidences journalistiques au sein de 8 établissements scolaires en Haute-Savoie et Vallée d’Aoste, mobilisant le collectif de journalistes indépendants WE REPORT.

Le Boudoir digital, écriture, Le Boudoir digital, écriture, podcast, vidéo et BD numérique / La Fabrique Média
Présenté par Laura Schlenker

Entre profilage et bulles de filtres, quel espace reste-t-il à la créativité ? Laura Schlenker, vidéaste et responsable du collectif La Fabrique Média, proposera un work in progress sur la résidence d’éducation aux médias par la pratique menée actuellement à Echirolles dans le cadre des cités éducatives. Elle fera un focus sur l’atelier d’écriture créative « Le Boudoir digital », ainsi que sur l’atelier parents/enfants « Ensemble, sur les réseaux ».

➜ Le Moteur à fictions / Fréquence Écoles
Présenté par Christophe Doré

Dispositif pédagogique pour initier les lycéen·nes aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux du numérique. Le principe de l’activité repose sur le design fiction : un groupe de lycéen·nes est immergé dans un futur mi-utopique, mi-dystopique, où les technologies ont pris une place très importante. À eux d’opérer un retour critique et constructif sur ce futur : désirable ou pas ?

Paroles libres ou interdites ? / La Fabrique Média, La Maison de l’image de Grenoble
Présenté par Laura Schlenker (La Fabrique Média), Marlène Ason et Noémie Rubat du Mérac
(La Maison de l’image de Grenoble)

Ce prototype d’atelier, qui permet de tester une expérience collective inédite sur la liberté d’expression dans les médias, vise à développer, par la pratique, une réflexion sur les rapports entre liberté, réserve
et censure. Il est actuellement testé auprès de professionnels afin de le faire évoluer.


« Fictions et croyances »

Cette table ronde réunit des expériences menées sur le décryptage des images et la distance face à la manipulation ou à la propagande, en recherche de la responsabilité de l’utilisateur. Elles seront éclairées par la réflexion de Juliette Roussin : « L’adhésion aux fausses informations ne peut être saisie comme résultant simplement de la crédulité du public dont la raison se serait égarée, ni des vices intellectuels manifestés par les internautes. Une compréhension plus fine des modalités de la croyance invite à penser cette adhésion selon d’autres modèles : celui de la fiction qui implique une suspension de la croyance, et celui du mensonge à soi même, qui renvoie à un désir de croire. Dans les deux cas, l’adhésion est indissociable de l’expression d’une position idéologique. » 1

Modération : Nathalie Reveyaz, inspectrice d’Académie IPR Histoire/géographie
Référente académique laïcité et valeurs de la République

➜ Traqueurs d’infox,  kit d’éducation aux médias par le jeu
Présenté par Isabelle Saussol-Guignard / Les Déclencheurs, en collaboration avec la PJJ

Fondatrice des Déclencheurs, Isabelle Saussol est responsable de projets éducatifs et culturels.
Conçu à partir d’expérimentation de professionnels en trois temps (Jouer, Comprendre, Agir), Traqueurs d’infox a été soumis ensuite pour sa réalisation à l’expertise de game designer, experts des médias, psychologues, développeurs, réalisateurs. Chaque prototype a été ainsi testé, évalué et amélioré autant que cela fût nécessaire avant son édition.

➜ Ateliers « Théories du complot et cinéma » : enjeux, apports et questions
Présenté par Stéphane Collin (cinéaste, enseignant à l’université et en ateliers d’éducation aux images) et Lucile Gybels (Lycéens au Cinéma – AcrirA)

Produit en 2016 par LUX en réponse à la remise en question de l’information par les jeunes, cet atelier
a pour objectif de mettre le cinéma, art du faux par excellence, au cœur de l’étude des mécanismes complotistes. L’atelier a donné lieu à des formations enseignantes, auprès des médiathécaires, des professionnels de l’éducation aux images, ainsi que dans le réseau « Culture et justice », auprès de détenus et jeunes de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Une centaine d’ateliers a déjà été déployé depuis 2017 dans les lycées de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, en accompagnement du dispositif Lycéens au Cinéma.

➜ Détox l’Infox - journal papier, outil de décryptage d’informations sur Internet pour les collégiens
Présenté par Jessica Labanne, fondatrice de digitaLAB, médiatrice numérique en espace public numérique à Montélimar

Jessica Labanne a accompagné les débuts du réseau des Promeneurs du Net et, à ce titre, continue
de former les binômes intervenants dans les collèges sur l’outil Détox l’Infox. Créé pour les collégiens de la Drôme, inspiré par « Le vrai du faux », initiative d’éducation aux médias de l’Union Nationale Information Jeunesse, il s’agit d’un journal papier d’infos et intox pour outiller les collégiens à décrypter les informations sur Internet et exercer leur esprit critique. L’atelier est inscrit au catalogue des actions éducatives du Département de la Drôme, et est animé dans les classes de 5e par un binôme médiateur numérique et un acteur jeunesse.


Ismaël Joffroy Chandoutis ou la « cinématière »

Films en présence du réalisateur (tarifs cinéma)
Formé à L’INSAS et au Fresnoy, studio national des arts contemporains, Ismaël Joffroy Chandoutis développe une « cinématière », une pratique artistique hybride qui étend le cinéma au champ de l’art contemporain). Ses films ont été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals internationaux. En 2017, Ondes noires, qui évoque les troubles des personnes intolérantes aux radiations électro-magnétiques, est primé à Clermont-Ferrand puis récompensé par le Prix Révélation Art numérique, décerné par l’ADAGP, et le Prix Studio Collector. En 2019, son film Swatted reçoit le prix Scam Émergences, le prix spécial du jury Labo au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, et le grand prix Vidéoformes. Avec Maalbeek, sélectionné à la 59e édition de la Semaine de la Critique, il approfondit son exploration du dialogue entre identité, technologie et virtualité en donnant à voir
et entendre la mémoire fragmentée et traumatique d’une victime des attentats de Bruxelles en 2015.

1 Internet en mal de démocratie, Esprit, novembre 2021


Rencontre professionnelle Réseau Médiation Cinéma / ACRIRA – Lycéens au Cinéma / LUX

À destination des médiateurs de salles de cinéma et des volontaires Unis Cité
En écho au partenariat mené chaque année avec Unis Cité, le Pôle régional d’éducation aux images initie une réunion professionnelle entre les volontaires en service civique Unis Cité (« Cinéma et citoyenneté » et « Expérimentation en salle de cinéma »), les médiateurs en salles de cinéma, les partenaires Réseau Médiation Cinéma et Lycéens au Cinéma.
Représenté par : Olivier Gouttenoire (Réseau Médiation Cinéma), Lucile Gybels (Lycéens au Cinéma - L’AcrirA), Janick Cordier (Unis Cité AURA), Camille Chignier (Pôle)

Découvrez l’exposition L’atelier de Marion Lacourt


Camille Chignier

Coordinatrice du Pôle d’éducation aux images
Tél. 04 75 82 60 41
camille.chignier [at] lux-valence [dot] com