Hard, Fast and Beautiful !
Florence Farley, une jeune femme qui brille dans la pratique du tennis, se voit entraînée dans la compétition bien au-delà de ce qu’elle avait espéré…
Celle qui entraîne Florence (le dernier des trois rôles qu’Ida Lupino confia à Sally Forrest, après Avant de t’aimer et Faire face) dans cette course à la réussite n’est autre que sa propre mère Millie, moins par désir de profiter matériellement de la situation que de vivre à travers sa fille une ascension sociale dont elle a été privée, elle qui eut l’existence d’une femme au foyer. Pour humaniser Millie, il fallait le talent de la grande Claire Trevor, rendue célèbre douze ans plus tôt par le rôle de Dallas dans La Chevauchée fantastique de John Ford et qu’on vit également, entre autres films, dans Key Largo de John Huston et dans L’Homme qui n’a pas d’étoile de King Vidor. Dans Hard, Fast and Beautiful !, elle forme le duo implacable qui mène Florence à la victoire, mais aussi à la dépression, avec Carleton G. Young, lequel joue un « éleveur de championnes » particulièrement glaçant (une image récurrente du film est celle de la jeune Florence littéralement encadrée, serrée de près par le duo en question). Les manœuvres financières autour du sport amateur sont épinglées avec une netteté et une économie de trait qui contribuent à éloigner Hard, Fast and Beautiful ! du film édifiant. Pour l’anecdote, citons le « caméo » d’Ida Lupino : l’inoubliable Robert Ryan (avec qui elle joue, la même année, dans La Maison dans l’ombre de Nicholas Ray) est assis à ses côtés dans les gradins d’un terrain de tennis, et lorsque Florence remporte un échange, tous deux se lèvent d’enthousiasme, « comme un seul homme ». Mine de rien, cette apparition éclair est à l’image du style du film, des adjectifs qui composent son titre original (qu’on préfère à son titre français, peu usité : Jeu, set et match) et des scènes de tennis qui le parsèment : rapide, enlevé, élégant et intense.
Jean-François Buiré