Joan Mitchell, une femme dans l'abstraction
Née en 1925 à Chicago dans une famille aisée, Joan Mitchell forge sa sensibilité artistique auprès d’une mère poétesse atteinte de surdité. Au tournant des années 1950, l’ancienne étudiante en arts, revenue d’un séjour déterminant en France sur les traces des maîtres de la modernité, rompt définitivement avec la figuration et se fait une place au sein de la bouillonnante avant-garde new-yorkaise, dans les rangs des expressionnistes abstraits (Jackson Pollock, Willem De Kooning…). Après une longue période entre deux rives, l’artiste se fixe en 1959 à Paris, où elle retrouve le peintre québécois Jean Paul Riopelle. Si le déracinement libère son geste, il mine aussi un temps la carrière de cette femme difficile d’accès, dont l’armure dissimule une peur de l’abandon. Momentanément passée de mode, éprouvée par une succession de deuils (ses parents, son ami poète Frank O’Hara) qui assombrissent sa palette, Joan Mitchell trouve refuge, à partir de 1967, à Vétheuil. Dans ce village du Vexin où vécut Monet et où son jardin couvert de tournesols la connecte à Van Gogh, celle qui se refusait à théoriser son œuvre ("Tous ces blabla détruisent tout") se nourrit des paysages alentour, figeant sur la toile les sentiments que lui a procurés la nature, tandis que les chagrins qui jalonnent son existence (rupture, décès, maladie) se transforment, sous son pinceau, en créations foisonnantes.
Portrait de la peintre américaine Joan Mitchell (1925-1992) qui a jeté un pont entre l’abstraction et l’impressionnisme.