Jeunesse (Le printemps)
Zhili, à 150 km de Shanghai. Dans cette cité dédiée à la confection textile, les jeunes affluent de toutes les régions rurales traversées par le fleuve Yangtze. Ils ont 20 ans, partagent les dortoirs, mangent dans les coursives. Ils travaillent sans relâche pour pouvoir un jour élever un enfant, s’acheter une maison ou monter leur propre atelier. Entre eux, les amitiés et les liaisons amoureuses se nouent et se dénouent au gré des saisons, des faillites et des pressions familiales.
Wang Bing est l’un des plus grands cinéastes vivants. À l’instar de Frederick Wiseman — également au programme de LUX ce mois-ci — il bâti depuis vingt ans une œuvre d’une grande ampleur qui constitue un témoignage précieux sur la société chinoise, tant à travers son héritage historique que ses métamorphoses contemporaines : À l’ouest des rails, Fengming, Les trois sœurs du Yunnan, les Âmes mortes… Avec humilité, patience et obstination, Wang Bing scrute et interroge son époque et son peuple, et mets en lumière les anonymes sans jamais faire œuvre de misérabilisme. Pour autant, le film est traversé par une énergie contagieuse, lumineuse, qui fascine. Voir un film de Wang Bing, c’est une odyssée qui laisse une vive trace dans nos mémoires : le temps se déploie dans un rapport au cinéma bouleversé, passionnant. Artiste désormais exilé en France, Wang Bing est aussi plasticien.