Le Ciel peut attendre
À 70 ans, Henry Van Cleve est accueilli aux portes de l’Enfer par « Son Excellence » et lui confesse toute une vie de mauvaise conduite.
Le Ciel peut attendre fut le film qui réconcilia Lubitsch avec la critique et le public : ce fut son plus gros succès commercial. Malgré ses sources slaves, l’œuvre fut conçue pour plaire à un public américain friand d’évasion en plein conflit mondial : une chronique familiale en Technicolor, avec juste ce qu’il fallait d’esprit pétillant et d’ingéniosité narrative pour plaire aux intellectuels de la côte Est. Parce qu’il raconte l’histoire d’un homme qui fait le bilan de sa vie, les historiens en ont fait un « film testament ».
Mais c’est pour lui un film presque modeste, une histoire banale observée des coulisses : comme on ne voit strictement rien des méfaits de Henry Van Cleve, on ne peut qu’acquiescer au verdict qui le renvoie de l’enfer. Evidemment, cette modestie est feinte, puisqu’elle repose elle-même sur une gageure de mise en scène : faire un film où l’essentiel de l’action se déroule hors-champ (spécialité lubitschienne), et même hors temps, c’est-à-dire non pas pendant, mais entre les scènes ! — N. T. Binh