Rétro Sirk

Tout ce que le ciel permet

Film de Douglas Sirk

Dans une petite ville de Nouvelle-Angleterre, Carry Scott, veuve et mère de deux grands enfants, vit de façon solitaire. Ron Kirby, un jeune homme qui fait pour elle des travaux de jardinage, professe une vie proche de la nature, loin des conventions sociales. Elle en tombe amoureuse...

Tout ce que le ciel permet semble être un film jumeau du précédent mélodrame de Douglas Sirk, Le Secret magnifique, en termes de production (Ross Hunter pour la Universal), de direction de la photographie (Russell Metty) et d'interprétation (Wyman, Hudson et Moorehead). Or comme l'écrit Jean-Loup Bourget : « D'un film à l'autre, la rupture l'emporte sur la continuité. Au lieu d'un scénario proprement incroyable, un argument nettoyé de toute invraisemblance, qui n'a recours qu'une seule fois à la péripétie mélodramatique. Au lieu de personnages menant des vies hors du commun (...), des gens plus ou moins riches certes, mais auxquels il est aisé de s'identifier, et dont l'existence est dépourvue d'événements extraordinaires. Au lieu de l'exotisme de la Suisse, le paysage — familier au spectateur américain — de la Nouvelle-Angleterre et de sa végétation qui épouse le rythme des saisons. » Sirk dit avoir lu dans sa jeunesse les philosophes transcendentalistes américains Emerson et Thoreau, dont Walden ou la vie dans les bois fonde l'inspiration du personnage de Ron Kirby — même si, comme le dit un autre personnage, « il ne l'a sans doute pas lu : il le vit ! ».

Une des beautés du film tient au contraste entre la force de cette conviction philosophique et la fragilité des conduites qu'elle peut inspirer, particulièrement l'amour « scandaleux » qui naît entre la veuve bourgeoise interprétée par Jane Wyman et le jeune horticulteur : dans l'Amérique des années 1950, Sirk fut l'un des seuls, avec Elia Kazan, à faire le constat désolant que le plus grand amour peut s'altérer sous les pressions sociales et familiales. Fragilité qu'expriment les superbes jeux picturaux du film, jeux de couleurs ou de reflets tels que celui de l'héroïne sur l'écran d'un téléviseur : « Janeest assise là, le soir de Noël, les enfants vont la quitter et lui ont offert un appareil de télévision. Alors, on craque dans le cinéma. Alors, on comprend quelque chose au monde et à ce qu'il vous fait. (...) C'est tout à fait simple et beau. Et tout le monde pige. » (Rainer Werner Fassbinder) — Jean-François Buiré

jeudi 26 janvier - 16h00
vendredi 27 janvier - 18h30
lundi 30 janvier - 09h15
mardi 31 janvier - 18h30
Acheter un billet

Tout ce que le ciel permet
(All That Heaven Allows)
Film de Douglas Sirk
Avec Jane Wyman, Rock Hudson, Agnes Moorehead
États-Unis | 1955 | 1h30 | VOST

 

QUIZ !

Participez au QUIZ consacré à Douglas Sirk !