Raging Bull

Martin Scorsese invente une nouvelle façon de filmer la boxe dans ce biopic discordant et radical. Magnifiquement scénarisé par Paul Schrader et Mardik Martin, Raging Bull emprunte aux grands films de boxe torturés des années 1940 avec leur sublime noir et blanc, mais ses choix esthétiques, narratifs et techniques en font une œuvre unique.

Comme plusieurs films de cette programmation, Raging Bull confirme certaines récurrences du « film sportif » : accent sur l’inscription sociale (le sport dépasse les origines individuelles, mais y ramène tout aussi bien), récit conjuguant diverses temporalités (le sport, art de l’instant, opposé aux couches temporelles successives de l’existence humaine), humour désenchanté (le sport rendrait — plus ou moins — philosophe). Plus qu’un « parcours christique » rebattu, l’intéressant dans ce Taureau enragé (outre le travail du noir et blanc et des mouvements de caméra, particulièrement lors des matchs de boxe, et une interprétation physiquement engagée de Robert De Niro) est l’incertitude quant à l’essence du protagoniste : est-il un être humain, ou un animal dévoyé ? « Qui veut faire l’ange fait la bête », disait Pascal…