Femmes et voyous
Film de Yasujirō Ozu
Secrétaire la journée dans une entreprise, Tokiko retrouve tous les soirs le gang de son amant Jyoji et veille sur un dancing tenu par les truands…
Femmes et Voyous se déroule à Yokohama, ville portuaire forcément associée à un univers interlope et dangereux, où trafics et prostitution règnent sur la cité. Mais pour le reste, Yasujirō Ozu propose un monde où tout semble calqué sur les États-Unis, à commencer par les décors en intérieur : la signalétique y est en anglais, tout comme, par exemple, le règlement de la salle de boxe peint sur les murs. Costumes, automobiles et accessoires semblent directement sortis d’un film Warner. Ici le réalisateur reproduit soigneusement le cinéma qu’il aime plus qu’il ne le cite, y compris dans le rythme du film et la caractérisation des personnages. Plus remarquable encore : on se touche et on s’embrasse, comme dans les films américains. Dans ce drame passionnel, Tokiko, incarnée par l’actrice et future réalisatrice Kinuyo Tanaka, est le personnage le plus intéressant. Si elle semble être, au premier abord, une innocente dactylo, on la découvre bientôt aux côtés du gang le plus respecté de Tokyo. Elle est capable d’appuyer sur la détente comme de désarmer l’homme qu’elle aime : c’est bien elle l’héroïne du film.