Études sur Paris
Paris à la fin des années 1920 est une ville aux visages multiples, ô combien vivante. On y arrive en péniche, par les canaux qui rejoignent la Seine et où s’acharnent des milliers d’ouvriers. De l’Opéra à la butte Montmartre, au rythme des monuments historiques, la traversée de la capitale donne à voir une foule changeante…
Portrait urbain d’une ampleur inédite, Études sur Paris est une visite lyrique du Paris des années folles. Pionnier du documentaire d’art, André Sauvage capte avec une sensibilité visuelle extraordinaire le bouillonnement de la ville, les hauts lieux et les quartiers populaires d’une capitale en pleine mutation. Entre naturalisme et modernité, son regard personnel et sensible le rapproche des grands cinéastes visionnaires de l’époque, tels que Dziga Vertov ou Jean Vigo.
Les plans de Sauvage possèdent la stabilité dans le temps et la mobilité dans l’espace correspondant aux situations qu’il filme, ne se laissant pratiquement jamais guider par les seuls jeux cinétiques de tout ce qui est mobile. Ici, chaque mobile – vivant ou mécanique – est d’abord un personnage et chaque vue embarquée est celle d’un potentiel passager regardant la ville défiler. Chaque détail contemplé nous renvoie aux observations anecdotiques de l’urbain que fait chacun d’entre nous dès qu’il s’arrête et regarde. Il n’y a rien d’ordinaire à savoir filmer l’ordinaire. Cette méthode peut être rapprochée de celle du photographe Eugène Atget, mort en 1927 et admiré par Man Ray, lui-même proche de Sauvage. Refusant les artifices de la photographie pictorialiste, Atget travaille à établir une banque d’images du quotidien parisien (petits métiers, façades d’immeubles) destinée à servir de modèle aux artistes, mais désormais conservée dans les musées. Les images de Sauvage partagent avec celles d’Atget leur caractère descriptif, une sobriété du cadre au service de la primauté du sujet. Une œuvre monumentale !
— Retour vers le futur, Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine