Magellan
Magellan, navigateur portugais épris de liberté, se rebelle contre l’autorité du Roi qui refuse de soutenir ses rêves d’exploration. Porté par une soif insatiable de découvrir les confins du monde, il convainc la Couronne espagnole de financer une expédition audacieuse vers les terres mythiques de l’Est. Mais le voyage se transforme en un périple éprouvant : la faim, les tempêtes et les mutineries mettent l’équipage à genoux. Lorsque Magellan atteint enfin les îles de l’archipel malais, l’explorateur idéaliste s’efface pour laisser place à un conquérant obsédé par la domination et la conversion, provoquant des soulèvements violents qui commencent à lui échapper…
Ce n’est pas le mythe de Magellan, mais la vérité de son voyage. D’un même geste se renverse notre rapport au célèbre explorateur, démystifié et ramené à l’extrême violence coloniale dont il apparaît, sur son bateau comme sur les îles, le principal instigateur – massacrant indigènes et matelots sans sourciller. À partir d’une reconstitution historique chatoyante, Diaz remystifie à l’inverse ce qui se trouve autour de son personnage, magnifiant la jungle, l’océan, les communautés indigènes et le littoral philippin, cher à son cinéma. La place centrale accordée aux paysages traversés par Magellan aura ainsi permis de mettre en scène la mécanique coloniale : la violence impitoyable des hommes au premier plan est motivée par la conquête des territoires, magnifiques, qui se déploient dans le fond des tableaux.

