Arts visuels

Se découvrir du corps…

Photographies de Arièle Bonzon, Jacques Damez, André Forestier, Lionel Fourneaux, Géraldine Lay, Yves Rozet, Philippe Pétremant

Comment aujourd’hui prendre à bras le corps la respiration, l’identité du corps ? Cette exposition propose d’expérimenter des états du corps, de ses formes qui contiennent et dessinent un inatteignable, son espace interne. Le corps est enveloppé par la peau qui le couture, celle-ci s’adapte au volume intérieur des organes, elle adhère à la chair dont elle enregistre les pulsions mais ne peut lire la surface qu’elle touche. Pour comprendre et atteindre la conscience de cette surface et de sa forme, il faut la toucher avec les yeux pour l’écorcher, passer dessous pour lui faire la peau. Ce regard porté, chargé de l’incertitude des sens, ouvre les perceptions qui nourrissent l’imagination et la production artistique.

« Ce regard fasciné nous permet de nous frotter à la chose, pour espérer un contact avec l’image absolue, là où la chose devient image. Aujourd’hui, une confusion permanente est en cours entre image et imagerie, l’imagerie est du côté de l’illustration, un commentaire factuel, un selfie. Une photographie n’est pas une référence à une figure, c’est une figure sans référence c’est l’ouverture à un monde absent qui se forme, c’est la création du réel de l’auteur. Dans cette exposition, les photographies des sept artistes invités vont construire une vision kaléidoscopique du corps qui va tisser de multiples dialogues. Corps (méta)physique, handicapé, bodybuildé, mystique, magnifié… Nous serons au cœur d’un engagement plastique et politique dans une période où l’autocensure et le puritanisme bienséant évacuent les sujets qui dérangent. Le corps reste un interdit, il nous renvoie inexorablement à notre fragilité et à nos pulsions les plus obscures. Les représentations du corps dans tous ses états sont intimement liées au temps effacé par lui-même, à la mort qui rode. Ce sujet reste lié à l’impossibilité de se séparer de cette enveloppe, c’est une douleur, la douleur perpétuelle d’accéder à une pensée libre indépendante de ce qui la plombe et l’enchâsse. C’est l’interdit d’une vérité qui ne peut se découvrir, on ne se découvre pas du corps ! » — Jacques Damez

Vous aimerez aussi :