Cinéma

Quatre nuits d'un rêveur

Film de Robert Bresson

En pleine nuit, Marthe (Isabelle Weingarten) veut se jeter dans la Seine depuis le Pont-Neuf. Jacques (Guillaume des Forêts), un peintre solitaire, l’aperçoit et la sauve. Il lui donne rendez-vous au même endroit le lendemain soir. Marthe confie son chagrin d’amour à Jacques, qui s’éprend de la jeune femme.

Deux ans après Une femme douce, Robert Bresson s’empare de nouveau d’un court récit de Fiodor Dostoïevski, déjà transposé à l’écran en 1957 par Luchino Visconti. Le cinéaste français adapte très librement le texte, dont il conserve surtout le thème principal, le sentiment amoureux vécu comme une illusion. De la rencontre à la cristallisation, de la promesse d’un bonheur à la séparation, l’histoire de Jacques et Marie, concentrée sur quatre nuits, capte différents états d’une relation fantasmée.

Fidèle à sa méthode ascétique, Bresson cherche une vérité des affects en dépouillant sa mise en scène de tout superflu. Il refuse la dramatisation, conduit son récit avec lenteur, privilégie les ellipses. « Avec un mépris souverain de la mode, il gomme, il lime, il aplanit tous les effets, tous les écarts, tous les angles qui risqueraient de perturber la parfaite harmonie de la ligne plastique, psychologique et dramatique qu’il s’est fixée : l’œuvre apparaît dans une éclatante lumière, marbre rigoureux et inaltérable, après un minutieux et délicat travail au ciseau. » — Marcel Martin, Les Lettres françaises, 1972

« Il faut viser à faire le plus possible avec peu. Mais ce serait trop simple si plus on supprimait plus on créait. L’important, le difficile dans cet art des images, c’est d’arriver à ne pas montrer, à ne pas représenter, mais à suggérer. » — Robert Bresson, Écran n°4, 1972

Film de Robert Bresson
D’après la nouvelle Les Nuits blanches de Dostoïevski
Avec Guillaume des Forêts, Isabelle Weingarten, Jean-Maurice Monnoyer
France, Italie | 1971 | 1h22

Restauration mk2 Films chez Éclair Classics et L.E. Diapason supervisée par Mylène Bresson, avec le soutien du CNC

En collaboration
avec Carlotta Films