Darejan Omirbaev – cinéaste des irrévérences

Journée d’étude organisée par Robert Bonamy (maître de conférences (hdr), CNRS, Litt&Arts, Grenoble Alpes) & Eugénie Zvonkine (professeure des universités, membre de l’IUF, ESTCA, Paris-8 Vincennes Saint-Denis)

Université Grenoble Alpes (Campus Valence) et LUX Scène nationale (Valence)

Jeudi 17 novembre 2022

Darejan Omirbaev est le cinéaste kazakh le plus connu aujourd’hui en France (tous ses longs métrages ont été distribués en salles de cinéma). Il fait ses débuts lors de ses études au VGIK à Moscou aux côtés des cinéastes de la nouvelle vague kazakhe (Rachid Nougmanov, Serik Aprymov, Amir Karakoulov et d’autres), puis acquiert une renommée internationale dès son premier long métrage, Kaïrat (1992), qui obtient le Léopard d’argent au festival de Locarno. Ses films suivants seront projetés à de nombreuses reprises dans le cadre de festivals et de rétrospectives (Tueur à gages, 1998, La Route, 2001, et L’Étudiant, 2012, ont été montrés, voire primés dans la sélection « Un certain regard » au festival de Cannes). Rapidement surnommé le « Bresson kazakh », Omirbaev fait un cinéma tout en retenue, selon une mise en scène précise et une chorégraphie mathématique, qui s’avère également attentif au monde, à ses désespérantes évolutions économiques et politiques.

Ce cinéma qui est né à la toute fin de l’ère soviétique et qui s’est déployé dans le Kazakhstan indépendant circule entre références et sources d’inspirations aussi bien occidentales qu’orientales (un essai filmique coréalisé en 2003 avec Olga Korotko et intitulé Révérence propose une étude de plusieurs provenances filmiques) et observe avec justesse un état du pays à chaque décennie qu’il traverse (Tueur à gages pour la société en déroute et désespérément individualiste des années 1990 ; Chouga, 2007, pour les années 2000 et leurs espaces néo-capitalistes ; le moyen-métrage Dernière séance, 2022, pour notre époque de solitudes néolibérales hyperconnectées).  De surcroît, l'intensité poétique des films de Darejan Omirbaev n’a cessé de se déployer, depuis Kaïrat et sa citation du Woyzeck de Georg Büchner : « Tout homme est un gouffre. Le vertige vous prend quand on se penche dessus. »

Après une longue période où il avait continué à écrire, photographier et réaliser des courts métrages, il revient en cette année 2022 avec un nouveau long métrage, Poète. Ce film, réalisé une décennie après L’Étudiant (2012), permet d’avoir un regard rétrospectif sur les lignes de force d’une œuvre, dont la poésie minimale s’est toujours accompagnée d’une forme de résistance aux impératifs (narratifs, de jeu, de production) et de la construction de personnages réfractaires aux injonctions pour atteindre des singularités irrévérencieuses.

Programme de la journée

Université Grenoble Alpes – Campus Valence – Bâtiment Soubeyran – Salle 209

9h15 – introduction / Robert Bonamy (Université Grenoble Alpes) & Eugénie Zvonkine (Université Paris 8)
9h45 – Antony Fiant (Université Rennes 2) - Présences du cinéma dans les films de Darejan Omirbaev
10h30 – Victor Morozov (Trinity College Dublin) - Signes du mauvais temps : Darejan Omirbaev dans le présent post-communiste
11h15 – Gulnara Abikeyeva (Alma University, Kazakhstan) – Mondes intérieur et extérieur dans le cinéma de Darejan Omirbaev (intervention en anglais)

LUX Scène nationale

13h30 – Eugénie Zvonkine (Université Paris 8) – Parler, se taire, écrire. Langues et parole dans l’œuvre de Darejan Omirbaev
14h15 – Robert Bonamy (Université Grenoble Alpes) – Poétique inalignée de Darejan Omirbaev
15h00 – Projection de Poet en présence exceptionnelle du réalisateur Darezhan Omirbaev
16h45 – Mathieu Macheret (critique de cinéma) –  Poète ou les muses face au néant
17h30 – Dialogue collectif avec Darejan Omirbaev

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