Atelier de cinéma argentique

Pour se distinguer du déluge d’images numériques en circulation aujourd’hui et construire ce film comme un document pour le futur, nous amènerons dans un second temps les élèves à s’initier à une technologie qui aux premiers abords pourra leur sembler anachronique : la captation des images en mouvements sur pellicule 16mm couleur. Les contraintes inhérentes à l’utilisation d’une caméra argentique, comme peuvent l’être la limite de temps, le rapport à la prise unique, le son asynchrone, les amènera vers quelque chose auquel ils ne sont pas habitués et permettra de les astreindre à un processus dénué d’instantanéité, un mécanisme de fabrication régit par le temps des images elles-mêmes. Cette dualité de support, entre le numérique et l’argentique, est un enjeu fort pour comprendre les différents registres d'images que peuvent composer un film. En écho aux scènes de parole filmées en numérique, il s’agira avec la caméra argentique d’inventer avec les élèves un deuxième niveau de relation entre les sons et les images. Une attention particulière sera portée au paysage et à ses transformations, aux déplacements dans l’espace, aux gestes et aux actions.

 En écho aux sujets évoqués lors des discussions de groupes filmées en numérique, nous chercherons avec les élèves et la caméra argentique à filmer des gestes de travail, des hommes et des femmes dans l'exercice de leur métier ainsi que des paysages urbains et ruraux, avec et sans activités humaines. Le son monté sur ces images argentiques ne sera pas celui du direct. Il sera reconstruit a posteriori à l'occasion d'ateliers, et grâce à divers éléments sonores choisis dans le réel pour leur richesse et leur potentiel signifiant. D'autres seront reconstruits ex nihilo grâce à des techniques de bruitage. L'intention ne sera pas de rejouer l'ambiance sonore du direct mais d'inventer un monde sonore autonome. Il s'agira de travailler le son du réel comme des éléments musicaux à part entière.

La petite quantité de pellicule disponible induira un travail préparatoire précis et rigoureux. Il s'agira avant de tourner d'être en mesure de maîtriser l'ensemble des paramètres de fabrication de l'image (choix de la focale, du cadre et de son exposition). Le développement chimique et la numérisation de la pellicule seront pris en charge par un laboratoire professionnel.