I am here
I AM HERE – « Je suis là ». Avec ce titre en forme de prière pour sauver des vies, Vincent Dupont livre un spectacle qui s’offre tel un rituel incantatoire pour retrouver notre humanité, engloutie par l’indifférence.
Deux images traumatiques, imprimées sur la rétine. D’un côté, un souvenir d’enfance. Un été, au bord d’une piscine, un accident manque de laisser Vincent Dupont orphelin. De l’autre, des scènes qui ne cessent de se répéter, ad nauseam : des embarcations de fortune qui chavirent, des corps échoués sur les plages, quelques sauveteurs héroïques et pourtant criminalisés. À mesure que la méditerranée s’est changée en cimetière à ciel ouvert, une épidémie fait rage : l’indifférence. Les anthropologues ne nous ont-ils pourtant pas appris que c’est le soin de l’autre qui fait entrer l’humanité dans la civilisation ?
Superposant ces récits, le chorégraphe, qui ne cesse de croiser les médias pour interroger nos perceptions, se tourne une fois encore du côté du rituel après Incantus et Air. Il revient aussi à cet instant crucial suspendu entre la vie et la mort, cette zone entre les mondes arpentée dans No Reality now. Dans sa nouvelle création I am here, il en appelle à nos capacités d’attention et d’empathie. Sur une table lumineuse, un corps inanimé est posé. À son chevet, un autre tend ses forces, ses gestes et ses croyances dans une ultime tentative de le sauver. Ces luttes se mènent car elles doivent être menées, envers et contre tout.