Le Vagabond de Tokyo

Tetsuya est un yakuza dont le clan vient d’arrêter ses activités. Approché par un clan rival, il décline leur offre. Son ancien chef lui conseille alors de quitter Tokyo et devenir vagabond pour fuir les représailles. Tetsuya parcourt le Japon, des tueurs à ses trousses…

Avec Le Vagabond de Tokyo, la Nikkatsu souhaite mettre en valeur la vedette du moment, le chanteur Tetsuya Watari, en lui confiant le rôle d’un yakuza qui cherche à quitter le milieu et se retrouve traqué par ses ennemis comme par ses anciens complices. Dépassant le cahier des charges, Seijun Suzuki fait éclater cette trame rebattue pour signer un opéra pétaradant, donnant libre cours à son imagination visuelle. Un film inclassable, dont l’ambition expérimentale n’est pas au goût du studio, qui reproche à Seijun Suzuki ses écarts avec le scénario et son avant-gardisme.

Carmen de Kawachi

Fuyant sa petite ville de campagne, Tsuyuko s’installe à Osaka. Elle devient hôtesse dans une boîte de nuit, le Club DaDa, où sa beauté attire la convoitise des clients. Rêvant d’être mannequin ou chanteuse, elle trace son chemin en devant constamment se battre pour conserver son indépendance.

Comme son titre l’indique, Carmen de Kawachi fait écho à l’opéra de Georges Bizet, dont il reprend l’une des thématiques : la quête de liberté d’une jeune femme, soucieuse d’affirmer sa volonté. Yumiko Nogawa reprend au cours d’une scène le célèbre aria Habanera, dans une version rock chantée en japonais. La musique de Taiichiro Kosugi, inspirée par le flamenco, ponctue un film dont le récit ne cesse de rebondir de manière inattendue.

Un jeu sérieux

Été 1897. Arvid, jeune journaliste, tombe éperdument amoureux de Lydia, la fille d’un artiste peintre. Ils s’aiment. Mais de classe sociale moins favorisée, Arvid n’ose demander Lydia en mariage. Alors les amoureux font chacun de leur côté un mariage de raison. Dix ans plus tard, ils se retrouvent et deviennent amants…

Dans une Suède traversée par les événements mondiaux, Un jeu sérieux raconte une histoire d’amour à la genèse contrariée. Mais quand Arvid et Lydia se retrouvent enfin, le monde et leurs vies ont changé. Lydia est une autre, libre, indépendante, décidant de vivre sans limite amours et aventures avec ses amants. Sa relation avec son grand amour de jeunesse peut-elle survivre à sa liberté chérie ?

Wives

Trois amies d’enfance se revoient lors d’une fête donnée en l’honneur de leur ancienne institutrice. Retrouvant leur spontanéité et leur bonne humeur, désireuses de prolonger ce bon moment partagé, ces femmes décident d’abandonner mari, enfants et travail pour passer la journée ensemble. L’occasion rêvée de prendre conscience de leur situation individuelle et de faire le point sur leur vie.

Le film d’Anja Breien emprunte au cinéma-vérité et à l’improvisation, où les comédiennes ont composé leurs dialogues. Toutes trois venaient de jouer dans le cadre du Théâtre national d’Oslo une pièce au thème similaire, montée avec Anja Breien, inspirée conjointement d’une grève de travailleuses. Wives se présente comme un film féministe apaisé, quotidien. Un portrait joyeux de ce groupe d’amies en questionnement, et celui en creux, plus cinglant, de leur environnement.

Les Filles

À travers le destin bouleversant d’une jeune fille amoureuse confrontée aux barrières sociales, la réalisatrice sri-lankaise Sumitra Peries dresse un portrait sensible de la condition féminine dans son pays. Sobre et poétique, Les Filles a marqué son époque et a fait de la cinéaste une pionnière, inaugurant une filmographie placée sous le signe de la critique sociale.

Le film marque les débuts de Sumitra Peries en tant que réalisatrice, elle qui fut la première femme à occuper ce rôle dans l’histoire du Sri Lanka et qui, depuis, a réalisé une dizaine de longs métrages. Caractérisé par une mise en scène épurée et des plans étirés sans artifices, son cinéma est empreint d’une grande délicatesse et tisse le fil rouge, sans militantisme frontal, de la condition des femmes dans une société sri-lankaise en pleine mutation.

Les Années Déclic

Réalisé à l’invitation des Rencontres de la Photographie d’Arles 1984, Les Années Déclic est le récit d’un photographe touche-à-tout au milieu de sa carrière. Raymond Depardon plonge dans ses archives et ses souvenirs des années 1957-1977 pour offrir, sous la forme d’un autoportrait cinématographique, un témoignage unique sur deux décennies qui ont bouleversé la société française.

Seul face caméra, le photographe chuchote au spectateur, parfois avec émotion, ses débuts de photographe cinéaste, les joies et les doutes qui ont accompagné ses premiers pas, mais aussi la « chance » qui a jalonné son parcours, depuis son départ de la ferme natale de Villefranche-sur-Saône à son arrivée à Paris. Le film, qui retrace de façon chronologique vingt années de sa carrière de photographe, brosse à travers elles, des plateaux de cinéma aux manifestations devant le siège du patronat, le portrait d’une société française en pleine mutation. Il rappelle également que Raymond Depardon est l’un des grands noms qui ont écrit l’histoire de l’Âge d’or du photoreportage.

« Raymond Depardon est un cueilleur d’image plutôt qu’un chasseur, un glaneur plutôt qu’un prédateur », analyse le journaliste Gérard Lefort, qui a signé les textes d’un ouvrage rassemblant les photographies du documentaire sorti en 1984. « Derrière une caméra, qu’elle soit photographique ou cinématographique, comme on dit il n’en perd pas une miette, mais toujours il ramasse ces miettes, de situations, de paysages, de corps, de visages, pour les métamorphoser en une vision du monde qui, comme à une table d’hôte, ne demande qu’à être partagée », souligne-t-il.