Rencontres du Pôle Auvergne-Rhône-Alpes
d’éducation aux images
L’expérience cinéma face à internet
Les bouleversements de la diffusion artistique et les mutations des pratiques culturelles en cours depuis une dizaine d’années ont été accélérés à l’occasion de la crise sanitaire. D’une part, par le développement des plateformes de streaming dont l’écosystème semble s’imposer comme l’instrument privilégié de la diffusion audiovisuelle. En offrant un accès individualiste et illimité à des contenus, avec une empreinte carbone dramatique, les plateformes bouleversent les rapports entre les publics et les œuvres.
D’autre part, en raison de la pandémie, la diffusion cinématographique mondiale est transformée par une brusque pénurie de films hollywoodiens. Jean-Michel Frodon envisage, dans Le cinéma sans Hollywood * que cette « absence de blockbusters dans les salles ouvre la possibilité d’envisager pour le cinéma des avenirs autres que l’écrasante domination économique et esthétique promue par l’industrie lourde, et consommée sans modération. »
2020 résolument perturbée amène le décalage temporel des rencontres Auvergne-Rhône-Alpes de l’éducation aux images envisagées en décembre, tout en confortant la problématique choisie inscrite dans l’actualité : l’expérience cinéma face à internet.
Cette journée invite à réinterroger l’expérience ou plutôt les expériences sensitives, réflexives, créatives… nées à partir d’un dispositif de rencontre entre un point de vue artistique et des spectateurs, singuliers et réunis en collectifs. Si, comme le revendiquait André Bazin, le cinéma répond à un besoin et à un désir humain, que ne comblent pas les autres formes de narration et de d’expériences audiovisuelles, le cinéma reste essentiel, vivant et se réinvente face aux mutations contemporaines, notamment face à internet. La sensibilisation au cinéma ainsi que toutes les actions de transmission des images et d’éveils des regards constituent des voies de partage, d’émancipation et démocratisation culturelles.
Ces rencontres ont été composées avec le souhait d’être ressourçantes et stimulantes, à partir des dynamiques mises en œuvre par les professionnels de la diffusion et médiation cinématographiques, mais également en nouant avec la recherche théorique et en ouvrant aux expériences européennes des Cinemas Makers présentées par Agnès Salson et Mikael Arnal. À l’heure du tout numérique, des équipes réinventent ce que peut être une salle de cinéma avec une conviction : le spectateur est au cœur de ce renouveau.
Catherine Rossi Batôt
Directrice
* Paru sur Slate en novembre